Le paysage aurait été inventé à la Renaissance.
Il aurait glissé furtivement du fond du tableau, derrière la fenêtre, au premier plan.
La nature, un objet en dehors du sujet ?
Son entrée en scène coïncide
avec l’émergence du concept moderne de nature
et l’invention de la perspective,
le gôut des notables vénitiens pour  de luxueuses villas,
de vastes propriétés prises sur les terres de la Terraferma.
Un certain hédonisme mêlé aux prémices du capitalisme.
Sebastiano Serlio a représenté au XVIe siècle à Venise
les trois principaux genres picturaux.
Il y a la scène tragique, l’histoire des grands hommes,
la scène comique celle des citadins, les marchands, les avocats,
et enfin la scène satyrique,
le théâtre des petites gens, la pastorale, le paysage.
Je me suis souvent dit :
la scène satyrique
c’est sacrément le bordel comparé aux deux autres.
Peut-être est-ce la faute des satyres,
ces êtres ivres et lubriques,
des saltimbanques.
C’est comme si la nature débordait de partout
et que l’homme moderne essayait en vain de la contrôler.