Les prairies sont un spot pour ceux qui vivent en camion.
Ils stationnent le long d’une impasse,
entre des maisons, des squats, et quelques caravanes.
Certains sont étudiants.
L’allée est souvent déserte en été.
Ils réapparaissent en septembre.

Il existe une saison des camions.

La ville a posé des pierres pour les empêcher de se garer.
Les blocs ont été déplacés.
Puis, ils ont migré à la périphérie du site.
Pour construire le parc,
il faut exproprier la zone habitée.
Avec les propriétaires,
c’est plus compliqué qu’avec les squatters.
Certains ont eu gain de cause.
Pendant des mois, les engins ont excavé
une partie des terres polluées.
Ils ont creusé, transporté, entassé.
La nature se modèle à la pelleteuse et au camion-benne.
Le temps des travaux,
une partie de la faune,
a elle aussi migré sur les côtés.


Jardin
Friche
Parc
La proximité d’un parc,
ça augmente la valeur foncière des zones.
Les grues sont montées autour des prairies.
Depuis quelques mois,
un promoteur immobilier vend un programme intitulé

« J’habite une prairie ».

La ville se normalise.
Elle se remplit d’images photoshopées couleur pastel.
Elles promettent aux citadins
un cadre de vie idyllique.